Qu'est-ce qui fixe le prix d'une œuvre d'art ? Beaucoup de choses, comme dirait l'adjudant de . Fernand Raynaud. Voici quelques pistes.

Nous commencerons par l’œuvre elle-même.

Curieusement, la qualité d'une œuvre n'est pas en rapport avec son prix. Un travail d'une grande complexité technique peut ne valoir qu'une fraction d'une œuvre moins élaborée.

Ainsi, un dessin de Cocteau, plus ou moins bâclé en dix minutes, pourra être incomparablement plus cher qu'une belle toile d'un peintre secondaire de l'école de Barbizon. Dans le même esprit, les ventes publiques regorgent de tableaux contemporains par des peintres techniquement ignares ou simplement paresseux mais qui seront vendus trois ou quatre fois le prix d'une œuvre complexe et chronophage d'un artiste appliqué.

L'intérêt technique et l'intérêt artistique sont simplement deux notions différentes.

La qualité technique d'une œuvre sera en revanche déterminante pour différencier des œuvres parties de catégories comparables. Ainsi, des œuvres du même artiste et d'une même période se distingueront par la composition ou la précision. Ou encore des œuvres d'artistes anonymes de sujets et styles proches.

Un autre critère de fixation d'un prix, bien que pouvant paraître trivial, est les dimensions de l’œuvre. Aussi trivial que cela puisse paraître, plus une œuvre est grande, volumineuse et donc impressionnante, plus elle est cher. Là, au moins, réside une reconnaissance du temps de travail de l'artiste.

Pour illustration, il est aisé de deviner qu'une même œuvre d'un même artiste vaudra plus cher dans le plus grand de deux formats. Certains peintres académiques se faisaient régulièrement la main sur un petit exemplaire d'un tableau avant de se lancer dans la grande version envisagée au départ. Ainsi, des deux tableaux identiques de Heinrich Funk ici présentés, lequel vaut le plus cher à votre avis ?

Hors toute qualité substantielle de l’œuvre, sa rareté est également un élément majeur de son estimation. C'est là un axiome économique général : le prix est déterminé par la relation offre versus demande.

AInsi, même en incluant les tableaux douteux, la rareté des œuvres de Vermeer existantes serait à elle seule une raison d'obtenir un prix de vente exceptionnel. La rareté est d'ailleurs elle-même tout à fait relative : il suffit simplement que la quasi totalité des œuvres soient dans les mains des musées pour assécher le marché et faire monter les prix. Et notre bon aubergiste Vermeer cumule les deux raretés : peu de tableaux et aucun sur le marché (de toutes façons, ce n'est pas grave, ce serait impayable). Notons que l'inverse n'est pas vrai : certains artistes prolifiques, tels Picasso, ne voient pas pour autant leur cote souffrir de la pléthore d’œuvres sur le marché.

Terminons enfin en soulignant que la rareté ou l'originalité à l'intérieur de l’œuvre globale de l'artiste n'est, elle, pas forcément signe de prix élevé : les aficionados n'aiment pas le changement et les prix d'adjudication des œuvres excentriques sont là pour le montrer.

La suite, bientôt.

Heinrich Funk, Herreninsel am Chiemsee, 1851, 61.5 x 106.5 cm et 26 x 40 / Anish Kapoor : gros et cher

Heinrich Funk, Herreninsel am Chiemsee, 1851, 61.5 x 106.5 cm et 26 x 40 / Anish Kapoor : gros et cher

Heinrich Funk, Herreninsel am Chiemsee, 1851, 61.5 x 106.5 cm et 26 x 40 / Anish Kapoor : gros et cher

Heinrich Funk, Herreninsel am Chiemsee, 1851, 61.5 x 106.5 cm et 26 x 40 / Anish Kapoor : gros et cher